Nos agriculteurs en danger !

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A l’aube du projet de loi de finances 2019, les agriculteurs s’inquiètent pour l’avenir de leur profession. Si l’été avait déjà été rude, marqué par des périodes de sécheresse plus importantes qu’en 2003, des épreuves plus difficiles encore s’amorcent à l’horizon. Prévu dans la révision financière annuelle, l’allègement du coût du travail pour les saisonniers, qui affecterait près de 930 000 contrats notamment dans le secteur viticole et arboricole, engendrerait ainsi un surcoût de 144 millions d’euros pour les employeurs. Dans les régions où ces domaines agricoles règnent en maîtres, les agriculteurs n’auront donc plus les moyens d’embaucher de la main d’œuvre, au détriment de leur production. Cette gabegie du gouvernement constitue en soi une exception française ; car le prix de la main-d’œuvre saisonnière nationale défit en effet toute concurrence : elle est 36 % plus chère en France qu’en Italie et 27 % de plus qu’en Allemagne…

Non content d’alourdir les coûts pesant sur les exploitations, le gouvernement s’attache à anéantir tout espoir de profits concurrentiels. Favorisant les produits importés de l’étranger, le ministère de l’Agriculture interdit des produits tout en laissant la production étrangère nourrie à ces substances prohibées s’introduire en France. En Vaucluse, le cas des cerises françaises interdites parce qu’elles contenaient du diméthoate et l’importation de cerises turques qui en avait découlé avait déjà fait réagir Marie-France Lorho. Et de fait : l’interdiction du produit a engendré une baisse de 37% de la production de cerises françaises en 2017 alors même que les Français n’ont pas réduit leur consommation, laissant augurer que le profit de cette production s’est dirigé vers des filiales étrangères. Les importations sont désormais pléthores : dans le domaine de l’élevage, les cas sont particulièrement inquiétants. Près de 70 % de la volaille consommée dans les hôpitaux, cantines ou restaurants sont importés.

Quant aux aides proposées aux agriculteurs, celles-ci sont sous le coup d’importantes menaces. Bruxelles envisage déjà une diminution de 15 % du budget de la PAC. Et lorsqu’ils ne peuvent respecter les exigences de l’Union Européenne en regard des désastres climatiques, les agriculteurs sont immédiatement abandonnés par l’instance. Dans l’obligation de semer des surfaces d’intérêt écologique avant le 20 août alors même que leurs terres avaient été touchées par la sécheresse, combien d’agriculteurs n’ont pu recevoir d’aides européennes dont ils avaient besoin ? Car aucun report n’a été permis, point sur lequel l’administration s’est montrée d’une fermeté catégorique.

Alors que le taux de suicides des agriculteurs, de 20 à 30 % plus élevé qu’à la moyenne, ne cesse de préoccuper ; alors que les atteintes aux éleveurs se réitèrent, par l’intermédiaire d’actes vandales contre des boucheries par des militants « vegans », le gouvernement reste scandaleusement silencieux. La promesse d’Emmanuel Macron de ne « pas laisser les agriculteurs sans solution » résonne désormais comme un lointain souvenir, promesse superflue à laquelle le président de la République a une fois de plus cru bon de déroger.

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