Plan banlieues : entre démagogie et gaspillage

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A l’origine du plan sur les banlieues, les « deux mâles blancs », ainsi que les dénommait le président Macron, ont détaillé les grands axes de leur texte. Jacques Mézard et Jean-Louis Borloo l’assurent : ils ont longuement planché sur l’action du gouvernement en direction des banlieues. Au sortir du « rendez-vous de mobilisation nationale pour les habitants des quartiers politique de la ville », organisé le 11 juillet, le Ministre de la Cohésion des Territoires annonçait fièrement les partenariats menés pour favoriser des ressortissants de banlieues auxquels ira donc systématiquement la préférence.

La création de « pactes d’engagements sur mesure » menée avec les entreprises en constitue le premier ressort. Disposition d’une démagogie éhontée, ceux-ci visent à encourager des entreprises à embaucher stages et contrats d’apprentissage suivant un système de dénonciation curieux, où l’entreprise ne se conformant pas au plan sera pointée du doigt et dénoncée. « C’est le même principe que celui du « name and shame » appliqué au testing », explique sans rougir le ministre. « Il s’agit d’une amicale pression », assure-t-il encore avec condescendance. Plutôt un chantage déguisé, qui sera prétexte au blâme des entreprises ne se prêtant pas au jeu.

Non content d’octroyer les « bons points » aux entreprises, le ministre annonce sans tressaillir qu’il arrosera les associations qui œuvrent à l’insertion. « Quinze millions d’euros sont déjà fléchés dans le budget de 2019 ». Les jeux sont déjà faits : bientôt, des associations correspondant aux aspirations du gouvernement bénéficieront d’une manne exorbitante sous un quelconque prétexte démagogique – « je crois beaucoup en l’insertion professionnelle en touchant les jeunes par le sport », souligne béatement Jacques Mézard. Le projet, s’il ne constituait une terrible preuve de la politique économique dispendieuse du gouvernement Macron, prêterait à sourire. Pour l’heure, il apparaît comme une veille rémanence de la politique associative mitterrandienne. Et en place de Touche pas à mon pote, ce seront bientôt les membres de ces associations « d’insertion par le sport » qui se bousculeront sous les plafonds moulurés de l’Elysée…

Chantage aux entreprises, gâchis de l’argent public : Jacques Mézard ne s’arrête pas là. Adepte de la novlangue et des réunions de travail infructueuse, le ministre de la Cohésion des Territoires promet de « rassembler les élus locaux, les associations, les PME et les bailleurs sociaux » à l’occasion d’un « tour de France », opération qu’on nommera sans pouffer « les territoires en action ». Dans la même perspective, on promet la création d’une « Agence nationale pour la rénovation urbaine » et on se réjouit de la ratification d’une convention avec Action Logement dont qui coûtera la modique somme de 10 milliards d’euros. Tout cela sous l’œil un peu retors des Maires, dont l’avis, s’il est demandé, se réduira à peau de chagrin…

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