L’indépendance de la France quant à sa vente d’armes : ouvrons une commission d’enquête !

Partager l'article

C’est un marché florissant, dont l’essor est mondial et constant : l’armement fait l’objet d’une demande forte, qui s’est traduite par une progression de 14% entre 2011 et 2015. Les dépenses militaires mondiales atteignaient pour la seule année 2016 les 1 544.3 milliards d’euros, soit 2,2% du PIB mondial. Troisième marchand d’armes mondial, la France constitue un acteur incontournable du marché, connaissant une hausse de 27% de son taux de vente entre 2013 et 2017. Les ventes pour l’année 20108 devraient atteindre les 10 milliards d’euros, en regard des derniers contrats juteux ratifiés.

De l’Arabie Saoudite au Koweït en passant par la Qatar, la clientèle orientale de la France constitue la part la plus importante du marché. « Pour la seule année 2017, cinq pays de la zone totalisent 3.9 milliards sur les 6.94 milliards d’euros de commandes d’armement que reçoit la France. Parmi les cinq meilleurs clients de ce marché lucratif ? En première position, le Koweït, suivi du Qatar, avec 1.089 milliard d’euros d’achats militaires, les Emirats arabes Unis, en troisième position, avec 701.5 millions d’euros et l’Arabie Saoudite, avec 626.3 millions d’euros », expliquait Marie-France Lorho dans son dernier communiqué.

L’utilisation faite de ces armes au Proche-Orient soulève d’importantes questions éthiques, relevant d’une responsabilité nationale sur laquelle il semble difficile de faire toute la lumière. Car en dépit du traité sur le commerce des armes adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies en 2013, c’est bien au gouvernement que revient la décision de vente. Et l’absence de transparence quant aux résultats de celles-ci, au même titre que le retard avec lequel l’information parvient au Parlement, induisent une grave responsabilité gouvernementale. Les assauts quotidiens menés par l’Arabie Saoudite au Yémen, qui assure agir au nom de la communauté internationale pour régler ces différends avec l’Iran, relèvent-ils de la responsabilité française ?

Houleux débat éthique, la question de l’indépendance politique française dans la perspective de la vente d’armes est soulevée au parlement par Marie-France Lorho, qui a déposé à l’Assemblée nationale une proposition de résolution visant à faire un état des lieux sur les ventes d’armes des entreprises françaises et notre indépendance politique à cet égard. « Ces ventes, bien qu’essentielles commercialement, sont aussi le terreau de relations stratégiques que la France souhaite entretenir avec certains pays. Ces relations stratégiques posent des questions de dépendance politiques : qui, du client ou du vendeur, à le plus besoin de l’autre à l’heure actuelle ? De là, les orientations et choix politiques sont-ils véritablement indépendants ? », s’y interroge-t-elle. Tant de questions auxquels se devrait de répondre l’Assemblée Nationale !

Retrouvez la proposition de résolution de Marie-France LORHO.

Plus d'articles

Non classé

Fin de vie : quels enjeux éthiques ?

Marie-France Lorho a interrogé différents intervenants sur les enjeux éthiques du projet de loi sur la fin de vie. En juillet dernier, un professeur de

Non classé

Fin de vie : audition du CCNE

A l’occasion de l’examen du projet de loi sur la fin de vie, la commission spéciale auditionnait les membres du Comité consultatif national d’éthique pour