La Fabrique de l’islamisme : un rapport au constat exact et aux solutions paradoxales

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L’Institut Montaigne faisait récemment paraître un rapport sur les racines de l’islam radical en France. Dirigé par Hakim El Karoui, le rapport revient sur les facteurs d’expansion de cette idéologie et révèle des sources inédites, à l’image des 15 000 Saudi Cables appartenant au 122 619 documents utilisés par le ministère des Affaires étrangères saoudien et divulgués par Wikileaks en 2015. Pour cet ancien membre du cabinet du Premier Ministre (2002), l’islamisme constitue une idéologie mondialisée qui s’est diffusée en Occident par l’intermédiaire de ses acteurs, par la voie de ses organisations et de ses médias.

Pour le rapporteur, la montée du wahhabisme encouragée par l’Arabie Saoudite ne pèse que relativement sur l’Occident. Quoique les Saudi Cables aient démontré la manière dont le gouvernement saoudien entretenait des correspondances actives dans les ambassades étrangères ou des organisations comme la Ligue islamique mondiale, l’Arabie Saoudite exercerait surtout son influence sur les régions du monde à fort potentiel démographique, amenées à jouer demain un rôle essentiel. Le royaume déploie ainsi ses efforts financiers et diplomatiques en Afrique Subsaharienne, en Asie du Sud et dans les Balkans. Depuis les années 60, l’Arabie Saoudite a ainsi plus de 85 milliards de dollars, construit 1 359 mosquées et de 2000 écoles.

Le rapport semble plus alarmé encore sur la dynamique du salafisme exercée en Europe. Pour Hakim El Karoui, son accélération s’opère depuis une dizaine d’années, avec une multiplication « probablement par trois » du nombre de fidèles et de mosquées. Disposant de maillons à l’échelle locale, les salafistes cherchent à s’imposer via des structures locales, « des lieux de culte, très souvent de petite taille, des associations et de plus en plus d’écoles[1] ».Le nombre de mosquées et de fidèles salafistes est en constante augmentation. En France, le nombre d’adeptes « serait passé de quelques centaines dans les années 90 à 5000 en 2004, 15 000 ou 20 000 en 2015[2] ». Le rapporteur souligne par ailleurs que cette tendance s’inscrit dans une tendance de recrudescence de la pratique de l’islam de manière générale. « 32 % des personnes se disant musulmanes n’avaient pas du tout jeûné pendant le ramadan en 1989 alors qu’elles n’étaient plus que 20 % en 2011 », explique-t-il.

Hakim el Karoui conclut sur les mesure à prendre en France afin d’atténuer l’expansion de l’idéologie islamiste. Il préconise la création en France de l’association musulmane pour l’islam de France (AMIF) qui devra financer le culte musulman – notamment en gérant une « taxe halal ». Une centralisation de l’autorité des membres de l’islam dont on ne comprend guère la différence d’objectifs avec le Conseil français du culte musulman…  Le rapporteur incite ensuite à mobiliser le ministère de l’Education Nationale en lançant l’apprentissage de la langue arabe dans les écoles, mesure soutenue par le Ministre de l’Education Nationale. Si les constats chiffrés du rapport de l’Institut Montaigne s’avèrent exacts, l’islamisme progresse de manière inquiétante en Occident ; les solutions auxquelles aspire le rapporteur du texte, loin de combattre cet essor, vise à exercer un contrôle sur une branche radicale. Une volonté d’emprise qui risque, à l’instar des tentatives passées similaires, de s’avérer inutile.

[1] Fabrique de l’islamisme, Hakim el Karoui, Institut Montaigne, p. 59.

[2] Ibidem. p.60

Marie-France Lorho a alerté le Ministre de l’Intérieur sur les constats alarmants de ce rapport. Retrouvez sa lettre ci-dessous.

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