Écrans et troubles du comportement : des précisions s’imposent

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Je me suis récemment inquiétée des dégâts causés par la surexposition des enfants aux écrans, m’alarmant de l’aggravation de « comportements spécifiques d’autisme » que cet usage passif des écrans pouvait engendrer. Certains lecteurs se sont insurgés de cette présentation des faits, alors même qu’elle est issue de la voix d’un professionnel. Une explication complémentaire s’impose.

Selon l’association « Participate », dont l’objectif est d’améliorer la qualité de vie des personnes avec autisme et de leur famille « les limitations au niveau de la communication sociale et les comportements stéréotypés, répétitifs ainsi que les intérêts particuliers forment le noyau de l’autisme. Ceci peut se manifester de différentes façons et avec une intensité variable. Ce qui signifie que les personnes avec autisme peuvent être très différentes les unes des autres. » C’est pourquoi les termes ‘trouble du spectre de l’autisme’ sont désormais utilisés, pour rendre compte des diverses formes que peut prendre ce trouble. L’autisme est une maladie neurologique caractérisé par un isolement, une perturbation des interactions sociales, des troubles du langage, de la communication non verbale et des activités stéréotypées avec restriction des intérêts.

Si le terme « comportement spécifique d’autisme » n’est pas issue du jargon médical, il veut prendre en compte lesdits comportements cités plus haut (limitations au niveau de la communication sociale, comportements stéréotypés, répétitifs). Parfois un comportement spécifique peut apparaitre chez une personne, ce qui ne fait bien évidement pas de cette personne une autiste, mais une personne avec des comportements pouvant s’y apparenter. A tel point qu’un médecin en protection maternelle et infantile s’est alarmé en Mars 2017 de voir des « enfants diagnostiqués autistes par l’hôpital » alors que ceux-ci présentaient simplement des « comportements spécifiques d’autisme ».

Un avis de l’Académie des sciences remis au ministère de la santé précise : « Le cerveau du bébé possède, en effet, un dispositif de traitement des sons de la parole qui lui permet, dès les six premiers mois, de discriminer, de catégoriser et de se représenter le langage parlé autour de lui. […] Pour cet apprentissage fulgurant, le « bain linguistique » réel, avec des enjeux émotionnels de communication, est incontestablement plus riche qu’une exposition à un écran « plus froid » : télévision, vidéo ou DVD pédagogique. » De façon générale, l’exposition précoce et excessive des bébés aux écrans télévisés (90 % d’entre eux regarderaient régulièrement la télévision avant 2 ans selon une étude américaine), sans présence humaine interactive et éducative, est très clairement déconseillée.

Globalement, il faut comprendre ici qu’une exposition trop importante aux écrans chez les jeunes enfants qui porterait atteinte aux apprentissages (réels) sociaux et linguistiques peut entrainer des troubles chez l’enfant. Des troubles pouvant s’apparenter à l’autisme au vu de la ressemblance dans les symptômes. Il ne s’agit évidemment pas d’autisme, mais de comportements pouvant s’y rapprocher. Comportements par ailleurs qui peuvent être temporaire, si l’on pousse l’enfant suffisamment tôt à se détacher un peu plus de ses écrans. En conclusion, d’un point de vue psychologique, l’exposition passive aux écrans est dangereuse et déconseillée.

 

Les précurseurs des aires cérébrales du langage sont donc déjà actifs chez le bébé, bien avant la production effective de langage. Le cerveau du bébé possède, en effet, un dispositif de traitement des sons de la parole qui lui permet, dès les six premiers mois, de discriminer, de catégoriser et de se représenter le langage parlé autour de lui. Dès le second semestre de la vie, ce système va permettre un appariement des informations auditives et motrices de sorte que les productions de vocalisations, appelées le « babillage du bébé », intègrent progressivement les caractéristiques de son environnement linguistique (entre 1 et 2 ans viendront les premiers mots, 50 mots à 16 mois, entre 250 et 300 mots à 24 mois, et les premières phrases de deux ou trois mots). Pour cet apprentissage fulgurant, le « bain linguistique » réel, avec des enjeux émotionnels de communication, est incontestablement plus riche qu’une exposition à un écran « plus froid » : télévision, vidéo ou DVD pédagogique. Aussi, un consensus scientifique se dégage aujourd’hui pour considérer que l’exposition passive et isolée aux écrans – y compris l’exposition aux DVD spécialement commercialisés pour enrichir précocement le vocabulaire – n’aide pas les bébés à apprendre le langage.

En somme, mon interrogation sur les dangers de la surexposition des enfants aux écrans n’avait en aucun cas vocation à heurter la sensibilité de quiconque. A l’origine de la journée parlementaire pour la vie, je fais grand cas des fragilités des personnes. Les accusations qui ont été lancées à mon encontre, soulignent en ce sens une incompréhension que je regrette. Si j’ai donné l’impression de vouloir culpabiliser des parents, j’en suis désolée et leur exprime mes excuses. Quant au fond, la question des effets négatifs de la télévision sur le jeune enfant me semble être d’une importance cruciale et je veux, par mon action, souligner le besoin d’une évaluation des politiques publiques et des responsabilités sociales à ce sujet.

 

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