Nouvelle réduction des droits de l’opposition !

Partager l'article

Qu’elle fût terrassée par la lâcheté ou intimée au silence, l’opposition à la politique d’Emmanuel Macron voit ses droits se restreindre chaque jour un peu plus.

A l’assemblée nationale, mes collègues non-inscrits se sont insurgés, à raison, de l’absence de prérogatives dont ils jouissaient au sein de l’hémicycle. Une interrogation légitime, eu égard à l’absence de temps de parole dont nous disposons au sein de l’assemblée.

Que leur chaut, à ces 313 députés de la majorité – auxquels sont immédiatement venus s’accoler les 35 députés « Constructifs » – ces voix discordantes au cœur du parlement ? Mieux encore : pour Aurore Bergé, député LREM des Yvelines, cette absence de privilèges est une vue de l’esprit, une affirmation « un peu facile »[1] visant à légitimer la fainéantise de non-inscrits qu’elle estime n’avoir guère entendu… Outre la méconnaissance criante des règlements pléthoriques de l’Assemblée Nationale dont la déclaration fait preuve, le mépris avec lequel l’ancienne militante du PCD –  et des Républicains – l’énonce relève de l’arrogance vulgaire.

Non content de ne pouvoir disposer que de quelques minutes seulement à la tribune, les députés non-inscrits doivent désormais se plier à des consignes dont on ne daigne même plus les informer. Rare capacité d’expression des députés non-inscrits, le nombre de questions écrites a ainsi été limité à treize jusqu’à la prochaine session extraordinaire[2]; en tant que nouveau député, il ne m’en a été attribuées que cinq, sans qu’une raison légitime ne vienne éclaircir ce jugement. Un choix arbitraire, cadeau gracieux d’une majorité de moins en moins à même d’entendre une voix discordante à la sienne.

Passant tour à tour du mépris au jugement arbitraire, l’assemblée en marche foule au pied les droits de l’opposition. Telle est la République exemplaire d’Emmanuel Macron : une majorité écrasante et docile, une opposition lâche ou muselée.

[1] Entretien d’Aurore Bergé, le 6 septembre 2017, au micro de Frédéric Rivière, RFI.

[2] Soit jusqu’au 1er octobre.

Plus d'articles

Non classé

Fin de vie : quels enjeux éthiques ?

Marie-France Lorho a interrogé différents intervenants sur les enjeux éthiques du projet de loi sur la fin de vie. En juillet dernier, un professeur de