Monsanto – Bayer : un groupe en péril !

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Le jugement est tombé : le 9 août dernier, le procès d’un ancien jardinier en phase terminale de lymphome non hodgkinien gagnait son procès contre Monsanto. Première condamnation proférée à l’encontre de l’utilisation à risque du glyphosate, l’incontournable produit de la firme, le jugement ne sera pas retoqué en appel : en dépit d’un allègement de la sanction financière, la pénitence du groupe racheté par l’allemand Bayer demeurera. Pour le groupe, la perte qui en découle est importante : depuis le rachat de Monsanto, Bayer aura perdu près de 30 milliards d’euros de valeur boursière. Le groupe, premier producteur de glyphosate au monde et dans les premiers acteurs du l’agrochimie, s’inquiète des conséquences des 7 800 procès menés contre Monsanto aux Etats-Unis.

Après avoir mis l’agriculture en péril, l’union périlleuse se retrouve ainsi remise en cause par ces marchés qui en assuraient le soutien. Déjà, en septembre 2016, mon prédécesseur à l’Assemblée Nationale s’alarmait sur les conséquences d’un tel mariage. « L’agriculture française est trahie, expliquait Jacques Bompard. Elle est trahie par la pression des politiques publiques à l’intérieur et leur démission totale à l’extérieur. L’économie globalisée a, en effet, sacrifié les agriculteurs français sur l’autel des consortiums cosmopolites. La fusion de Bayer et Monsanto est une nouvelle étape dans cette évolution. Bayer s’endette massivement sur les marchés pour acheter Monsanto et créer un monstre des complexes chimiques ». Force est de constater que le temps lui aura donné raison.

Face à un tel désaveu, Bayer tente de sauver un glyphosate particulièrement lucratif sans s’interroger suffisamment sur les alternatives à trouver au produit qui représentait il y a peu un quart des ventes de Monsanto et pèse désormais près de 3 milliards d’euros de chiffres d’affaires. « Grâce au glyphosate, les gens mangent encore à leur faim », soulignait récemment Werner Baumann, au magazine allemand Bild am Sontag. Pourtant le patron du groupe le sait bien : les risques de voir les jugements comminatoires se renouveler sont nombreux et justifiés.

Les choix alternatifs que tente de développer Bayer ne sont guère plus attirants que le produit phare du groupe : plaisant pour « davantage de technique et moins de chimie », le groupe envisage d’utiliser la technologie Crispr-Cas, ciseau génétique visant à modifier l’ADN d’une plante sans recourir au matériel génétique d’une autre plante. Controversée en France, la technique produit des plantes traitées que l’on peut assimiler aux OGM… L’usage du « digital farming », soit le recours à des robots autonomes au détriment du travail des agriculteurs, ne semble pas plus enviable. A l’heure où les procès contre le glyphosate se multiplient, il est urgent de trouver des réponses biologiques dont les coûts de mise en place ne pèsent pas sur nos agriculteurs et dont l’usage ne porte pas atteinte à leur santé.

 

 

 

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