Logement : les promesses irrationnelles d’un gouvernement bien inspiré !

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Les moyens sont colossaux, les réformes annoncées avec une tonitruante arrogance. Alors que le logement représente près de 2% du PIB national, l’état de la politique du logement en France s’est rarement avéré aussi délabré. Jacques Mézard et Julien Denormandie révèlent au compte-goutte les réformes à mener, reprenant sans pudeur les dispositions du gouvernement Hollande dont ils demeurent les fidèles héritiers. Entre révisions irréalistes et réformes consensuelles, les points abordés par les macronistes n’ont rien à envier à leurs prédécesseurs.

Le redéploiement de l’offre promis par le gouvernement semble ainsi une promesse artificieuse, tant une telle décision ne saurait s’opérer sans une remise en cause de la loi SRU. On ne peut proposer une incitation à la vente du parc social à l’aune d’abattements fiscaux avantageux tout en préservant le taux de 25% de logements sociaux au sein des collectivités. On ne peut inciter à la construction de logements sociaux sans que les maires et les préfets n’adhèrent aux projets de construction… Qu’à cela ne tienne : entre mensonges et tentatives de privation des prérogatives des élus locaux, le gouvernement Macron s’obstine à conserver les mêmes axes de réflexion.

Construire plus, construire moins cher : les axiomes faciles du gouvernement en matière de logement semblent faire fi des lourdeurs administratives qui engluent le secteur du logement. La multiplication des normes administratives s’en fait le terrible écho ; et si le gouvernement promet de les éradiquer, il annonce parallèlement la généralisation de l’obligation, pour le bailleur social, de procéder à un réexamen, tous les 6 ans, des situations des locataires de manière à s’assurer qu’elles n’ont pas changé.  Une contrainte supplémentaire, que le gouvernement tente d’effacer au son d’annonces consensuelles assurant qu’il sera amorcé une politique d’amélioration des conditions sociales en matière de logement. A l’image de la promesse de construction de 60 000 logements étudiants, non sans rappeler les projets du gouvernement Hollande …

Avec le plan logement, le gouvernement Macron ne se lance pas dans des réformes structurelles mais d’une incommensurable superficialité, à grands renforts de polémiques factices sur la baisse APL. Jouant sur l’immédiateté, il pourra ainsi annoncer fièrement que la baisse du coût des loyers a été amorcé sur son initiative courageuse, alors qu’elle n’est qu’une conséquence d’une réformette contraignant les bailleurs sociaux à baisser les prix de ses loyers. Comme de coutume, le gouvernement promet, sans signifier d’où, entre l’Etat et l’ANRU, le soutien financier qu’il envisage d’apporter aux quartiers partira. Sans jamais indiquer que la politique de logement social frénétique déployée, expliquant la concentration de 66% du parc social dans 90 communes franciliennes seulement, génèrent des régimes fiscaux bénéficiaires à quelques bailleurs et prive de nombreux particuliers d’un toit alors même que lesdits logements sociaux sont laissés vacants[1]. Un beau programme…

[1] A Paris, l’accroissement des logements sociaux  a engendré la division par deux du parc privé locatif ces cinq dernières années, si l’on en croit l’IFRAP, octobre 2017.

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