L’accablant bilan des déserts médicaux

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D’année en année, le constat se fait de plus en plus accablant : au rythme des départs à la retraite des médecins âgés, les déserts médicaux se creusent, laissant de nombreux Français dans le désarroi. Depuis 2010, le nombre de médecins généralistes diminue annuellement, de manière alarmante. En France, près d’une commune sur trois souffre de cette absence de médecins sur son territoire, soit 11 329 communes. Face à cette situation désastreuse, les médecins les plus âgés choisissent de continuer d’exercer, afin de ne pas abandonner leurs patients : à l’heure actuelle, entre 12 000 et 13 000 médecins ont fait le choix de cumuler leur emploi avec leur retraite, solution éphémère soulageant pourtant bien des territoires.

Fragile, cette situation ne pourra pourtant pas durer : près de la moitié des médecins généralistes (47 %) inscrits à l’Ordre des médecins est âgé d’au moins 60 ans – contre un quart des médecins dix ans plus tôt. La direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) s’inquiète : « cette baisse devrait se poursuivre jusqu’en 2025. A cette date, le nombre de médecins généralistes libéraux ou mixtes serait inférieur de 8 % à celui de 2009 ». Et la nouvelle génération risque de ne pas pourvoir au remplacement des aînés : 8000 médecins seulement sont formés chaque année contre 13 000 en 1972. Devant l’expansion des déserts médicaux, les zones qualifiées de « sous-denses » explosent ; les zones éligibles aux aides conventionnelles devraient représenter près de 18 % de la population nationale contre 7 % actuellement.

De son côté, le gouvernement espère béatement que les médecins libéraux s’organiseront eux-mêmes en communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) de manière à ce que coexiste médecins libéraux et hospitaliers dans des structures communes. Une tendance que la jeune génération est prête à assumer puisque de 43 % des médecins libéraux exerçant en groupe autrefois, on en compte désormais près de 52 % exerçant entre eux en 2016. Néanmoins, ces jeunes médecins comptent légitimement imposer leurs exigences, manifestées par la réduction de leurs charges administratives ou l’installation des activités libérales ailleurs que dans les centres de santé (ils sont près de 90 % à être installés en ces espaces).

Les communes rivalisent désormais pour attirer les jeunes médecins sur leur territoire ; au gré de leurs moyens, elles encouragent les professionnels à grands renforts de promesses, parfois exorbitantes. A Paris, le dispositif Paris Med’ (mis en place en 2015) permet aux jeunes gens de se voir octroyer une subvention de 200 000 euros pour monter un cabinet avec pour condition de s’engager pour trois ans. La Mairie de Paris juge le résultat satisfaisant. D’autres territoires, moins pourvus, seront hélas moins chanceux.

 

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