Glyphosate : l’entourloupe continue !

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C’est un leitmotiv fâcheux, une affaire aux accents redondants, dont le bilan semble figé par une obéissance trop parfaite aux injonctions de la Commission Européenne. Déjà en mars 2017, lorsque l’Autorité européenne de sécurité sanitaire des aliments (EFSA) avait certifié l’absence de faculté cancérogène du glyphosate – substance active herbicide notamment présente dans le Roundup © de Monsanto – la sonnette d’alarme avait été tirée. Mon prédécesseur, Jacques Bompard, a maintes fois alerté les autorités publiques sur cet avis surprenant, eut égard au classement de la molécule au rang des cancérogènes probables qu’avait prononcé, deux ans plus tôt, le Centre International de la Recherche sur le Cancer (CIRC).

En dépit des alertes, la Commission Européenne semble s’obstiner à ne pas proposer d’analyse concrète sur un produit présumé dangereux. L’ONG Global 2000 a d’ailleurs récemment démontré que sept des douze études menées sur la souris et le rat, soulignant la liaison directe entre le glyphosate et le développement de tumeur, ont été ignoré par les agences d’évaluation de l’Union Européenne.  Les quelques recherches mises en œuvre sur cette molécule sont d’ailleurs rarement mis en exergue, alors même que les risques de la substance restent encore à évaluer. Pourquoi, comme le proposait alors l’ancien député de Vaucluse, ne pas ouvrir une commission d’enquête permettant de porter un regard objectif sur la dangerosité ou non de cette substance ?

L’important monopole qu’est devenu le glyphosate sur le marché des herbicides laisse suspicieux quant à l’opération d’une évaluation objective sur les effets de cette substance. En 2013, la France en a vendu à hauteur de 8 656 tonnes ; la vente de cette molécule représente près de 13% des ventes de pesticides à elle seule… Les organismes réfutant le caractère cancérogène de celle-ci – soit l’ECHA et l’EFSA – utilisent d’ailleurs des études fournies par des firmes agrochimiques comme socle de leur propos. Le Docteur Peter Clausing, rédacteur du rapport de Global 2000 sur la substance, souligne que les critères d’évaluation de substances cancérogènes telles que l’Union Européenne les définit auraient dû être catégoriques à l’égard du glyphosate ; ils n’ont pourtant pas été appliqués à la molécule à l’issue des évaluations des autorités sanitaires européennes.

Générations futures a mis en évidence la présence de glyphosate dans de nombreux produits du quotidien (céréales du petit-déjeuner, légumineuses…). Sur trente échantillons analysés, seize contenaient du glyphosate et trois sur trente contenaient également de l’AMPA, un produit de dégradation de la molécule. Un tiers du glyphosate ingéré est absorbé par le corps[1]. A  l’heure la Californie a déclaré cette substance cancérogène[2], la Commission Européenne relance les discussions les discussions avec les Etats membres sur un possible renouvellement de l’autorisation du glyphosate pour dix ans. Sans un examen objectif de la molécule, une telle réintroduction risque de semer une molécule mortifère sur le marché européen.

[1] Générations futures a fait une enquête pour déterminer la présence de glyphosate dans des aliments. Méthodes d’analyses couplant « chromatographie en phase liquide et spectrométrie de masse » pour définir avec le plus de précision possible la présence de glyphosate. Source : Générations futures, glypho 2, 14.09.2017.

[2] Le 10 mars 2017.

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