Dépérissement de la vigne : nos terroirs sont menacés !

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La maladie essaime, entraînant avec elle des parcelles entières de notre patrimoine viticole. Depuis une douzaine d’années, le dépérissement de la vigne porte atteinte à la santé des cultures, se développe dans toutes les régions de France. De la Touraine au Jura, elle a gagné tous les territoires et affecte entre 15 et 20 % du vignoble français. La cause de cette mort spontanée ? Les maladies du bois, dont l’esca constitue « la maladie la plus préoccupante » si l’on en croit l’Institut national de la recherche agronomique. Au même titre que l’eutypiose, ce complexe de champignons, la maladie se caractérise par l’attaque du bois par ces molécules, dont la présence est désormais avérée sur le continent américain, européen, australien, en Afrique du Sud ou encore au Liban…

La nécrose du bois engendre la destruction de plus de la moitié des parcelles viticoles et a des conséquences économiques inquiétantes. « Le dépérissement c’est violent, explique Jean-Martin Dutour, président de l’interprofession des vins du Val-de-Loire. C’est un peu comme la crise du phylloxéra au XIXe siècle. Dans certains domaines, cela représente 5% de rendement en moins chaque année. Ce qui veut dire qu’au bout de dix ans, la moitié » de la production a disparu ». La lutte contre la maladie est malaisée : le regreffe (meilleure alternative proposée jusqu’alors) s’il est peu onéreux, requiert un temps précieux. Et le retour normal à la production nécessite plusieurs années… Ça et là, les chambres d’agriculture proposent des formations pour dispenser la connaissance de cette technique, moins coûteuse que la complantation (remplacement des ceps morts).

Le caractère multifactoriel de la maladie rend difficile toute guérison : qu’elles proviennent du terroir, du cep, des bactéries, des bioagresseurs, du stress climatique ou des champignons, les causes sont nombreuses et les solutions de rétablissement délicates à trouver. En dépit de la maîtrise de la pluviométrie, sa stabilisation reste difficile à obtenir. La seule solution adéquate, la diffusion d’un arsénite de soude qui permet de lutter efficacement contre les maladies du bois, n’est plus possible depuis que Jean Glavany, ministre de l’Agriculture, l’a fait interdire en 2001 en raisons des risques cancérogènes de la substance. Certes, la prohibition du produit est légitime mais aucune alternative n’a été proposée depuis.

« Le manque à gagner pour le vignoble français pourrait atteindre jusqu’à 1 milliard d’euros chaque année, quasiment 10% du montant global », estime-t-on dans les colonnes du Figaro. Le gouvernement a lancé des programmes successifs en juin, dans la perspective du Plan national dépérissement du vignoble ; l’État le promet : il doit être alimenté à hauteur de 10,4 millions d’euros entre 2017 et 2022. Reste à espérer que les promesses aboutiront, et qu’elles ne se solderont pas, à l’image du plan européen sur la PAC en cours de discussion, par une réduction conséquente de son budget.

 

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