Bayer – Monsanto : le mariage incestueux cautionné par la Commission Européenne !

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C’est un accord désastreux entre deux géants de l’agrochimie, qui vont désormais contrôler plus d’un quart du marché mondial des semences et pesticides. La Commission Européenne vient de donner son aval pour la fusion entre l’allemand Bayer et le géant des pesticides Monsanto, dont le coût approche les 56 milliards d’euros. Les deux groupes sont pourtant dotés d’une réputation assombrie de polémiques ; promoteur de Gaucho, Bayer est accusé d’avoir produit un insecticide dont la particularité est de tuer les abeilles. Quant à Monsanto, son célèbre Roundup est un « cancérogène probable », dont la dangerosité varie au gré des relations du groupe agrochimique avec les autorités chargées d’examiner la toxicité des produits à l’échelle européenne.

« Le secteur agricole est déjà trop concentré, ce qui donne à une poignée de grandes entreprises une mainmise sur la production alimentaire, déplorait mercredi Bart Staes, porte-parole des Verts au Parlement Européen. La fusion de deux des plus grands acteurs ne fait qu’aggraver la situation ». Le monopole auquel aspirent les deux géants est malsain, en ce qu’il risque d’annihiler tout recours à des entreprises plus modestes et dont la qualité des produits n’aura que peu à voir avec les semences trafiquées et les pesticides toxiques pour l’homme que sont parfois accusés de produire Bayer comme Monsanto.

Sommets après sommets, réunions après réunions, la Commission Européenne l’assure : elle n’a qu’un objectif, celui de la préservation de l’environnement et du respect de l’écologie. En donnant son feu vert à la fusion de Monsanto et Bayer, elle prouve une fois de plus sa grande complicité avec les géants agrochimiques pollueurs qui jouent les bons élèves en donnant quelques gages de bonne volonté. « Nous avons autorisé le projet de rachat de Monsanto par Bayer parce que les mesures correctives proposées par les partis répondent pleinement à nos préoccupations en matière de concurrence », se dédouanait Mme Margrethe VESTAGER, commissaire européen à la Concurrence. Que ces entreprises cèdent leurs parts à coups de milliards d’euros à ses compatriotes n’est pourtant qu’un leurre grossier ; car une fois constituée, la fusion représentera un marché au résultat net de 9.14 milliards d’euros[1], écrasant par là-même toute potentielle émergence d’un marché alternatif.

Initialement prévu pour la fin de l’année 2017, le rachat devrait se produire avant le deuxième trimestre de l’année 2018. Mais la fusion reste suspendue à l’accord des autorités américaines, qui voit d’un œil méfiant le rachat par un nouveau monstre européen d’une officine qui réalise près de 80% de son chiffre d’affaires en Amérique du Nord et du Sud. Alors que la Commission Européenne ouvre sciemment ses portes à un mastodonte, il n’y a plus qu’à espérer que les autorités américaines mettent leur véto sur cette fusion désastreuse pour nos agriculteurs français !

[1] Si l’on cumule les résultats nets 2017 de Bayer (7.34 milliards) et Monsanto (1.8 milliards) conjoints.

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