Nouveaux défis de la santé, quelles priorités ?

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Selon le « scénario central » de l’INSEE, l’espérance de vie à la naissance continuera d’augmenter, en France comme dans la plupart des pays européens, jusqu’à atteindre 93 ans pour les femmes et 90 pour les hommes. Mais dans le  Monde diplomatique Claude Aubert[1]  et Cécile Marin [2] émettent une réserve sur un tel optimisme car si la baisse de la mortalité est probable pour les deux premières causes de mort (cancers et maladies cardio-vasculaires) où la médecine progresse, qu’en sera-t-il pour le nombre croissant de personnes atteintes par des maladies nouvelles dues à la modification radicale de notre mode de vie ?  Trois facteurs en particulier sont déterminants : l’alimentation s’est dégradée, le niveau d’exercice physique a baissé et l’exposition aux polluants chimiques a augmenté et s’ils ne se traduisent pas encore sur la mortalité c’est que leurs conséquences ne se manifestent qu’au bout d’une dizaine d’année.

                De fait, les effets de la malbouffe, de la sédentarité et de l’exposition aux polluants chimiques restent encore mal connus même si plusieurs facteurs sont déjà préoccupants. L’incidence du diabète a par exemple augmenté de 5,4% par an de 2006 à 2009 et de 2,8% par an de 2012 à 2015. D’autres maladies jadis rares ou inconnues, telles que la maladie d’Alzheimer qui touche aujourd’hui près de 1 millions de personnes en France et Parkinson près de 150 000 personnes ou encore la stéatose hépatique non alcoolique (ou plus simplement « maladie du soda ») qui toucherait 20 à 30% de la population européenne[3] , sans symptômes spécifiques et actuellement incurable.

                On peut déjà observer que l’espérance de vie en bonne santé ou sans incapacité n’augmente plus depuis une quinzaine d’années (64 ans pour les femmes et 62 pour les hommes) ce qui signifie que de plus en plus de personnes vont avoir besoin de soins et d’attention et pour un temps de plus en plus long. Il est également important de noter l’influence de la catégorie sociale et du niveau de diplôme, il y a en France un écart de treize ans d’espérance de vie en moyenne entre les 5% des hommes les plus aisés et les 5% des hommes les moins aisés et de sept ans entre les diplômés de l’enseignement supérieur et les non-diplômés.

                Il y a là un défi majeur pour le système de santé publique et il existe un risque d’être dépassé si ces problématiques ne sont pas prises en compte. Il apparait nécessaire d’améliorer ce système pour pouvoir prendre en charge toutes ces personnes quelques soient leurs ressources. La feuille de route du ministère des Solidarités et de la Santé « pour relever le défi du vieillissement à court et moyen termes » va en ce sens, prévoyant par exemple d’augmenter la présence d’infirmiers de nuit en EHPAD ou de soutenir l’aide à domicile. Il est prioritaire d’améliorer l’accompagnement des personnes en fin de vie, à l’hôpital, en EHPAD ou à domicile, or il est frappant de voir la promotion de l’euthanasie qui est faite comme s’il s’agissait d’une solution acceptable pour se débarrasser d’encombrants malades.

[1] « Longévité, les limites d’une espérance », le Monde diplomatique, juin 2018, page 18, Claude Aubert,

[2]« Espérance de vie, le grand écart », le Monde diplomatique, juin 2018, Cécile Marin

[3] « Stéatose hépatique non alcoolique et stéatohépatite non alcoolique » (PDF), World Gastroentology Organisation, Milwaukee, juin 2012

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