Lutte contre les addictions : le gouvernement effleure la prohibition !

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Le gouvernement, dans sa volonté de lutter contre les addictions, présente un plan national de Santé Publique qui vise à dénormaliser la consommation de vin.  Ce plan de lutte, qui diabolise le vin, est particulièrement inquiétant. Il risque d’être néfaste, tant à l’identité de nos territoires qu’à la filière viticole, d’autant plus que les producteurs proposent un plan cohérent et à moindre coût pour les pouvoirs publics.

Le gouvernement annonce un plan national de Santé Publique « priorité prévention » pour une « révolution de la prévention ». Ainsi, un prix plancher de 5 euros pour toute bouteille d’alcool sera obligatoire. Des logos vont être ajoutés sur les bouteilles de vin : un logo indiquant un 18 barré, pour signifier au mineur qu’ils n’ont pas le droit d’acheter de l’alcool, sera désormais obligatoire. Par ailleurs, le logo symbolisant une femme enceinte barrée, visant à lutter contre l’alcoolisation des femmes en ceinte, déjà obligatoire, devra maintenant faire deux centimètres de diamètre, il prendra donc 25 fois plus de place sur les étiquettes qu’avec la dernière loi. Enfin, la publicité concernant ces produits devrait être interdite à proximité de tout établissement scolaire.

 D’abord, ces mesures ne sont pas efficaces : le prix plancher de cinq euros ne devrait pas dissuader les jeunes de consommer et, pire, inciter à la contrebande ou à l’approvisionnement dans les pays limitrophes, les femmes enceintes qui consomment de l’alcool ont majoritairement un problème d’addiction avant leur grossesse. Comment appliquer la loi concernant la publicité dans des villes comme Paris où les établissements scolaires sont partout ? Ensuite, ces mesures donnent une mauvaise image de la consommation du vin : le but recherché est la « dénormalisation » de la consommation du vin, voire la diabolisation. Le vin est un élément central de la culture française et la filière viticole une filière très importante économiquement qu’on ne peut risquer d’affaiblir.

Le repas gastronomique à la Française est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Chaque région revendique ses appellations : vins de Bordeaux, les vins alsaciens…. Les habitants du Vaucluse ne peuvent-ils pas se vanter de quelques excellents vins ? Sur 96 départements Français, 66 sont viticoles. Pour 86% des Français le vin est une composante de l’art de vivre à la Française[1]. Dénormaliser la consommation de vin, c’est déconstruire la culture française, c’est s’attaquer aux territoires, c’est couper nos racines. La filière viticole est aussi un poumon économique français : deuxième secteur d’exportation excédentaire français il rapporte près de 8 milliards d’euros à la France, la filière du vin compte près de 500 000 acteurs. Il y a en France chaque année 10 millions d’œnotouristes dont 4 millions de visiteurs étrangers. [2]

La filière viticole, qui était en concertation avec le gouvernement, défendait une prévention plus pertinente. Elle s’était engagée à mobiliser 2 millions d’euros sur 4 ans pour participer à une campagne de responsabilisation des consommateurs. A l’heure actuelle, il n’est pas sûr que cette participation soit toujours d’actualité. Rappelons que l’alcool n’est pas mauvais pour la santé, c’est une mauvaise consommation qui est mauvaise pour la santé. La responsabilité et la modération sont donc plus à développer, et non pas la diabolisation de l’alcool.

 

[1] 5ème édition du baromètre IFOP/Vin & Société

[2] Atout France 2016

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