Kosovo : les provocations d’Hashim Thaci

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L’opération de séduction est aussi lourde qu’elle est grossière ; dans un entretien fleuve accordé au Figaro hier, le président du Kosovo Hashim Thaci lançait un appel à la « réconciliation » et au retour à la paix avec son éternel rival : la Serbie. Sans rougir, l’ancien chef de l’aile politique de l’Armée de Libération du Kosovo (UCK) fait des appels du pied appuyés à une Union Européenne dont on assure qu’elle souhaite unanimement – et à l’instar des Etats-Unis – « l’européanisation des six pays des Balkans occidentaux ». Juste retour des choses, en somme, pour une Coalition qui de Belgrade à Pristina, noyait ses frères européens sous les bombes. « La France a accompagné la transition et l’indépendance du Kosovo », insiste avec ironie le président Kosovar. «Tout ce que nous avons fait l’a été en partenariat avec la communauté internationale et les Etats-Unis », souligne-t-il encore. Au fil des déclarations d’un cynisme  moribond, le chef d’Etat légitime ces bombardements qui ont, au nom de la « guerre juste », instauré « la paix et la démocratie ». 

La plaidoirie pour un accord « gagnant-gagnant » avec la Serbie demeure inaudible, tant apparaît en filigrane les velléités européistes de l’ancien porte-étendard de l’UCK. Car la solution pragmatique appelée de ses voeux par Thaci ne constitue qu’une stratégie pour se « rapprocher de la famille européenne ». N’en déplaise aux Européens, il en va même, si l’on en croit le président, de l’avenir de l’Union. « En cas d’échec, prévient-il, tout le monde serait perdant : la Serbie, le Kosovo, la région et l’Union Européenne  […] Si nos deux pays s’écartent de la prospérité économique et de la démocratie, l’UE en paiera aussi le prix ». 

Non content de menacer les pays qu’il aspire à rejoindre, Hashim Thaci en appelle aux négociations avec la Serbie, insultant le peuple serbe au passage. « Je veux croire que le président serbe n’est plus prisonnier de l’histoire », expliquera avec condescendance le président à l’égard de son alter-ego Vulcic. Une Histoire dans laquelle le kosovar sait pourtant avoir joué un rôle impardonnable, que les Serbes ne pourront oublier. Car loin de penser comme lui que les miliciens de « l’UCK [étaient] des combattants de la liberté », le peuple serbe se souvient encore des exactions de ceux qui ont, il y a deux décennies à peine, décimé leurs familles…

Non les « adversaires de [Thaci] en Serbie ne [lui] pardonne[ront] pas le rôle qu’[il a] joué au Kosovo ». Non « dépasser ces blocages et se rendre au réalisme » ne suffira à apporter la paix dans la région. Non, l’opération de séduction honteuse à laquelle s’adonne le président kosovar à l’égard de l’Union Européenne ne saurait aboutir à la reconnaissance du Kosovo, à l’heure où, sous couvert de négociations, le président élude la question des cessions de municipalités pour les Serbes dans les villes qui en sont peuplées, pour annoncer obligeamment que « mieux vaut des frontières ouvertes entre les deux pays. Comme en Europe ».Le conflit avec la Serbie ne saurait réduire à une opération de communication vicieuse, où les déclarations de rejet de la haine, du populisme et du nationalisme sont érigées en discours programmatique. Si on ne doute pas que la Serbie ne cédera aux provocations d’Hashim Thaci, on espère que l’Union Européenne, si coupable envers la Nation serbe, fera de même. 

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